Entre Temps, vernissage

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ENTRE TEMPS, c’est parti !
Vernissage, ce vendredi 15 décembre à 18h

2 jours d’exposition en appartementsentre-temps-pub2.jpg pour rencontrer les artistes et leurs hôtes et découvrir les 6 œuvres d'art réalisées pendant les résidences
Entrée libre et gratuite
Samedi 16 décembre de 14h à 20h
Dimanche 17 décembre de 14h à 18h

LE MUSÉE ÉPHÉMÈRE
>Lien plan d'accès
224 boulevard de la Duchère
69009 Lyon
Métro Gare de Vaise + Bus 36 – 44 : arrêt Duchère Plateau.
Renseignements : 04 72 85 02

« Vivre, c’est passer d’un espace à un autre, en essayant le plus possible de ne pas se cogner »
Georges Perec, Espèces d’espaces, Paris Galilée, 1974


Il garde le lien

L’exposition
« Entre temps » est une action dont le principe réside à faire «
habiter l’art » dans des appartements restés libres en attentant leur
démolition. La barre des mille du quartier de la Duchère se vide donc
progressivement de ses habitants dans le cadre d’une opération de
renouvellement urbain, entamée depuis deux années et qui se poursuivra
jusqu’en 2012, date à laquelle tout le quartier aura changé de «
figuration » et de « représentation ». D’ici là, les appartements
auront été occupés par des œuvres d’art qui disparaîtront avec la
destruction.


Ainsi,
se dessine un espace impossible à vider. Le processus entamé par les «
occupants de l’imaginaire », l’équipe artistique en place sur le Grand
Projet de Ville, Là Hors de, remet au jour « l’horreur du vide » ;
chaque espace qui se libère est infiltré par la création. Nous pouvons
parler alors d’un état de Nature. En effet, à l’image de la Nature, le
projet artistique et culturel « occupe » les espaces. L’art s’insère
dans les milieux de vies et d’absences en présence dans ce quartier.
Il, l’Art, garde le lien. Mais avec qui, avec quoi ?


Chacune des
actions entreprises dans le cadre du projet « Sputnik » a comme
principe d’être en place dans « le lieu ». L’action cohabite avec le
réel, les habitants et l’architecture de la barre des Mille. A l’image
de ceux qui attendent un train, les habitants de ce bâtiment sont en
attente de départ, ils voient défiler devant leurs yeux leur passé
autant que leur futur. Mais il y a cet « Entre temps », le temps sur le
quai.
Sur le « quai » de « Entre Temps », chaque artiste a été «
équipé » d’un auteur et de deux repas. En effet, les couples ainsi
constitués, artiste plasticien et auteur, ont partagé un repas chez
l’un des habitants du quartier puis avec une personnalité politique
intéressée au projet. Ils ont ainsi été au contact des deux principaux
concernés de ce renouvellement urbain, l’habitant et l’élu. Entre ces
deux univers l’art a fait son chemin et c’est peut-être là qu’il fait
lien. Mais pas seulement. Du côté de l’habitant la trace est celle
d’une absence annoncée et d’un souvenir en construction. L’habitant qui
côtoie ces appartements vides projette le devenir du sien dans les
prochains mois ; voir l’appartement vide c’est se voir déjà absent.
L’acte artistique prend alors une autre valeur dans ce lieu ; comme les
hommes préhistoriques, les artistes « apposent » leur main sur les
parois pour y laisser le souvenir d’un passage et ils invitent ceux qui
étaient là bien avant, à revenir voir ce qui a été, est et disparaîtra.
Revenir
dans un logement habité par l’art, être juste de passage là où nous
sommes sensés rester. La métamorphose est totale, les lieux de la durée
deviennent les lieux de l’éphémère et l’éphémère dure, il dure jusqu’à
la fin.
Mais qu’est ce que l’art si ce n’est se souvenir ?

Ainsi,
« Entre temps » est une rencontre inattendue entre l’éphémère et le
permanent, puisqu’à la différence des conventions établies, la
permanence ici est confiée à la collection alors que l’éphémère lui est
le propre du musée. Si nous nous arrêtons un instant sur ce qui se
passe, nous allons nous rendre compte de la chose suivante : le « Corps
» est éphémère et ce qui l’habite, les œuvres d’arts réalisées pendant
la résidence, devront elles être permanentes. Il y a là un « état
sacrificiel » qui rappelle étrangement le lien longtemps établi entre
une « âme » dont la durée est infinie et un corps destiné à la
destruction. À cela s’ajoute la volonté d’ensevelir les œuvres d’art
réalisées dans la destruction finale.
Il nous resterait une sorte
de rêve inoubliable d’œuvres d’arts perdues à jamais. S’agit-il d’une
destruction de l’art ? S’agit-il de la construction d’un souvenir de
l’art ? Ou bien avons-nous un espoir presque religieux de refaire vie à
partir des cendres ? La question reste la même : nous sommes en
présence d’une disparition.
Le rituel annoncé et accompli dans
cette « résidence » d’artistes, ne date pas d’aujourd’hui. Les artistes
ont veillé la « Barre des Mille » comme on veille un mort, et à l’image
d’une veillée, les « désirs » se phagocytent entre mémoires et espoirs.
On se souvient alors de ce qui nous liait au « mort », on se voit
mourir. Les temps se télescopent en nous, dans nous, nous devenons un
couloir traversé en tout sens par « La Mémoire, l’Histoire et l’Oubli
». Mais qu’est ce que l’art si ce n’est se souvenir ?


Les artistes
ont eu le « temps » dans cet « Entre Temps » de se saisir du sentiment
de disparition. A l’image des prêtres de l’Egypte antique, enterrés
vivants avec leur pharaon, ils sont « les spectateurs d’une attente »
et jusqu’au dernier jour de la résidence leur rôle a été d’écrire sur
les murs de ce temple « Post – Moderne » ce qui en nous est un tout.
Un
tout « Hors De ». Hors des chimères qui miroitent le renouveau à partir
des destructions, à l’image de ces villages d’Algéco qui annoncent un
avenir heureux au pieds des tours à détruire.
Abdelkader Damani

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