Du signe et d’une actualité vécue. De Sylvie Lagnier

Toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ne saurait être que fortuite.
Se diriger vers la sortie et revenir au point de départ. Se perdre dans le couloir. Écouter ses pas pour ne pas entendre le silence.
Vous pénétrez dans un lieu, il y a peu encore privé, sphère de l’intime où régnait un système de communication propre à une famille, à des hommes et des femmes, là où les individualités se distinguent. Territoire en mutation, fil de l’histoire oblige, l’ancien habitat se meurt, restent les souvenirs et la mémoire. Avant sa destruction et la radicalité du geste, il se met en scène, ultime appropriation en guise d’expropriation par laquelle l’artiste projette l’irruption de la différence. S’emparant du langage et des formes en usage dans l’espace public, Stéphane Durand crée des passerelles temporaires et locales entre le vécu et le perçu, entre la réalité et l’utopie, entre l’émotion et la raison : un dialogue ou un cri muet entre des champs parfois à la dérive. Entre dedans et dehors, entre intérieur et extérieur, la limite est souvent ténue et de part et d’autre du seuil, les mêmes interrogations surgissent.
Où partir ? Où se réfugier ? Vers quel dehors ? Dans quel dedans ?
Un espace-temps équivoque dans lequel les surfaces glissent, se dérobent. Les limites de ses contours sont à peine discernables. Sa mesure échappe à l’être.
Et de basculer dans la bouche d’évacuation entre formes normalisées de représentation et échappées imaginaires.
Si l’espace intime a ici perdu toute clarté, l’art y renouvelle une expérience d’intimité, là où l’espace extérieur perd son vide et gagne en intensité d’être.
« Et tous les habitants des coins vont venir donner vie à l’image, multiplier toutes les nuances d’être de l’habitant des coins. […] Un être vivant emplit un refuge vide. Et les images habitent. » Gaston Bachelard, La poétique de l’espace, Paris, PUF, 1957, p.133.
Espaces ouverts et visibilité d’une forme travaillée, participer encore à une situation commune de jeu et de réflexion.
L’art ne résout pas les problèmes sociaux.
Création en transit, lieu du dialogue et de la critique.
L’art ne résout pas les problèmes sociaux.
Appartements, témoins de questionnements de l’intention artistique, de ses cadres institutionnels et politiques.
L’art ne résout pas les problèmes sociaux.
Œuvre, construction de sa grammaire in situ.
L’art ou les enjeux de sa socialisation.
À propos de la métamorphose par Stéphane Durand d’un appartement en …où l’homme…

Sylvie Lagnier, novembre-décembre 2007

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