Entretemps 5

Le rendez-vous au GPV (Grand Projet de Ville) est d’une autre teneur. Catherine et Nadia nous accueillent avec le café, le thé, les biscuits et le jus d’orange en petites bouteilles de séminaire commercial. Elles sourient et sont sincèrement convaincues par cet immense réaménagement de la troisième colline de Lyon. Elles commentent la maquette représentant les 120 hectares de bois, de barres, de problèmes et d’utopies. Elles ont la foi des grands bâtisseurs ; quarante ans après, la modernité fait de nouveau sonner ses trompettes sur le secteur. Dans les années soixante, Pradel, maire de l’époque, pensait béton et autoroute pour faire face au « vivre à plus ». Aujourd’hui, les édiles parlent d’habitat et de déplacement doux pour faire face au « vivre mieux ». Le projet parle de diversité, d’harmonie, d’emploi, d’éducation, de culture et ose le mot bonheur ; je ne me souviens pas d’une campagne présidentielle ou législative arborant aussi fièrement

ces valeurs. Le jeu des démolitions et des constructions devrait permettre un rééquilibrage du logement social en favorisant l’accession à la propriété ; les autres quartiers de l’agglomération vont devoir assumer ce qu’ils espéraient circonscrire à La Duchère, aux Minguettes, à Vaulx ou à Rilleux. 2003-2012 : neuf ans pour désenclaver, construire un centre et valoriser le paysage ; neuf ans pour redorer le blason de la politique et croire à un pouvoir de l’argent œcuménique et humaniste. À la sortie, je vais comme à chaque fois acheter des mangues à l’épicier du « centre commercial ». Deux euros le plateau de cinq mangues goûteuses ; dans mon quartier, pour le même prix, je n’ai droit qu’à une seule mangue un peu dure … Je ne comprends pas la mauvaise réputation de La Duchère.

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