L’Antre de Mon Toi // Texte de Virginie Duceux
Le chaos règne ici.
Le poids du souvenir, des souvenirs passés devenant présent(s). La présence d'autres présents passés. Les gens se suivent ici, et leur vie se ressemble ?
Comment être individu dans un tout ? Dans une masse compacte et étiquetée "banlieue" ?
Ici ?
Comment se rendre sa particularité, sa spécificité ?
C'est l'intime qui sauve cet être. L'espace de sa chambre dominé par l'empreinte des autres Ceux qui étaient ici avant. Avant lui en tout cas
Il y investi alors ses souvenirs son corps son intimité sa sexualité
Il laisse sa trace
Il deviendra empreinte Plus tard
Mais cet individu dans cette masse indifférenciée
difficilement différenciable
qu'on ne veut pas différencier ? …
a sa vision de l'extérieur qui se rétrécie de plus en plus, il ne veut plus voir l'extérieur, cet extérieur que les autres ont créé pour lui
imposé
Alors il s'y ferme. à cet extérieur. il ne veut plus le voir. il réduit son champ de vision. il l'obstrue. il obstrue son regard. le rend aveugle aux formes géométriques à arrêtes sèches qui dominent sa vue et son être et son corps et son intimité sa sexualité
vide
Il se sent écrasé.
Mais il continue, de temps en temps
A jeter un oeil discret et furtif sur la vie qui se déroule
ici bas, malgré elle
Et alors parfois il se prend à dépasser ces cubes de béton et
là
il surpasse tout, c'est lui qui domine cet espace de vie
pour ainsi mieux le surpasser et s'en éloigner
pour mieux l'oublier et le transgresser
Il peut rester des heures comme cela
.
.
Il peut rester des heures comme cela
.
.
Il peut rester des heures
.
.
L'angoisse renaît.
De plus en plus forte elle se fait.
Sa chambre est soudainement envahie par les souvenirs.
Les siens. Ceux des autres.
Leur présence semble presque.
REELLE.
Mémoires.